La Russie déploie des troupes dans des bases militaires évacuées par les États-Unis.
Graphique : Muhammed Ali Yiğit, Agence Anadolu, 17 décembre 2019
Traduction Ümit Dönmez, actualite-news.com, 18 décembre 2019
Des changements importants se sont produits dans le déploiement de forces étrangères dans le nord de la Syrie après le lancement de l'opération antiterroriste transfrontalière de la Turquie.
Avec le lancement de l'opération «Source de Paix» le 9 octobre, les États-Unis ont évacué leurs bases dans la zone d'opération et priorisé le déploiement autour des champs de pétrole.
La Russie a déployé des troupes dans certaines des bases militaires et des points évacués par les forces américaines.
Les forces russes sont déployées dans les bases de Sarrin, Sabit, Ayn Isa et Manbij à Saidiya, où se trouvaient auparavant les forces américaines.
La Russie a envoyé une vingtaine d'unités de police dans une zone militaire du district d'Amuda occupé par les terroristes YPG / PKK à Hasakah.
La Russie a également déployé des forces dans le barrage de Tishrin, la pointe d'Izaa dans le nord-ouest d'Ayn al-Arab et la zone de Silos située dans la ville d'Ayn Isa dans le sud-est d'Ayn al-Arab.
Après les forces russes, les troupes fidèles au président syrien Bachar Al-Assad sont également entrées dans la zone de Silos.
Lorsque l'opération Source de Paix était en cours, les forces pro-Assad sont également entrées à Manbij avec les forces russes.
La Russie a également étendu sa présence à l'aéroport de Qamishli.
Les États-Unis toujours présents à Hasaké, Deir ez-Zor, Raqqa
Les forces américaines ont évacué 16 bases et postes militaires lors de l'opération Source de Paix et sont retournées dans six bases alors que l'opération était suspendue.
L'armée américaine a renforcé sa présence militaire dans la frontière nord-est de la Syrie et dans les champs de pétrole.
Avec cinq bases et postes militaires dans la province de Hasakah (Hassaké), les forces américaines s'efforcent de créer deux autres postes militaires dans la ville de Qahtaniyah et le village de Himo dans la région de Qamishli.
Les États-Unis visent à la fois à sécuriser les champs de pétrole à Hasakah et à renforcer leur présence à la frontière turque avec les postes militaires.
Les forces américaines sont actuellement déployées dans 11 bases et postes militaires, dont cinq à Hasakah, quatre à Deir ez-Zor et deux à Raqqa.
Ils s'efforcent également d'installer deux nouvelles bases à Deir ez-Zor.
Présence française dans la région
La France est actuellement présente à quatre postes militaires dans les villes de Deir ez-Zor, Hasakah et Raqqa.
En utilisant tous les postes militaires qu'elles ont déployés conjointement avec les soldats américains, les forces françaises ne peuvent se mobiliser que sous la protection de l'armée américaine et des terroristes des YPG / PKK.
La France compte environ 200 soldats dans les zones sous occupation YPG / PKK.
Des soldats français, qui se sont battus contre Daech lors d'affrontements à Deir ez-Zor, entraînent désormais les terroristes des YPG / PKK.
L'armée française répertorie les zones sous occupation YPG / PKK : un centre Cibse (Chartered Institution of Building Services Engineers),dans le sud de Hasakah, une usine de sucrerie située au nord de Raqqa, les champs pétroliers d'Omar et les champs de pétrole et de gaz Tanak à Deir ez-Zor.
Avec le début de l'opération Source de Paix, la France a évacué des postes militaires dans les districts de Raqqa Tabka, Ayn al-Arab et Manbij où elle s'est déployée avec les soldats américains.
La Turquie a lancé l'opération visant à éliminer les terroristes des YPG / PKK du nord de la Syrie à l'est de l'Euphrate afin de sécuriser les frontières de la Turquie, d'aider au retour en toute sécurité des réfugiés syriens et d'assurer l'intégrité territoriale de la Syrie.
Dans le cadre de deux accords séparés avec les États-Unis et la Russie, la Turquie a suspendu l'opération pour permettre le retrait des terroristes des YPG / PKK d'une zone de sécurité syrienne prévue à cet effet.
Ankara exige que les terroristes des YPG / PKK se retirent de la région afin qu'une zone de sécurité puisse être créée pour ouvrir la voie au retour en toute sécurité de quelque deux millions de réfugiés.
Les YPG ("Yekîneyên Parastina Gel", "Unités de protection du peuple") et le PYD ("Partiya Yekîtiya Demokrat, "Parti de l'union démocratique" sont des branches syriennes respectivement militaire et politique du groupe terroriste PKK ("Partiya Karkerên Kurdistan" : "Parti des travailleurs du Kurdistan"). Le PKK est répertorié comme une organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union Européenne. Au cours de sa campagne terroriste de plusieurs décennies contre la Turquie, le PKK a tué plus de 40 000 personnes sur le seul territoire turc, dont 7 000 civils.
Erdogan : L'instauration de la zone sécurisée en Syrie marquera l'Histoire
L'instauration de la zone sécurisée en Syrie marquera l'Histoire, a déclaré le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan.
Le chef de l'État turc s'est exprimé aux journalistes, en marge de sa participation au Premier Forum mondial sur les réfugiés à Genève.
Erdogan a rappelé que le monde entier compte environ 260 millions de migrants, plus de 71 millions de personnes déplacées et plus de 25 millions de réfugiés.
"Nous insistons que le monde entier doit assumer ses responsabilités dans cette affaire, a-t-il affirmé. Les pays occidentaux développés et riches, ainsi que certains pays riches arabes, ont échoué l'épreuve des réfugiés. Pourtant, les questions mondiales ne peuvent être résolues que par la coopération et la solidarité internationales."
Erdogan a ajouté que la Turquie accueille actuellement près de 4 millions de réfugiés.
"Nous avons aussi une formule pour une solution durable, a-t-il poursuivi. Mais aucun des pays que nous considérons économiquement puissants et prestigieux, n'ont exprimé leur soutien au plan. […] Si nous réussissons à construire la zone sécurisée (en Syrie), nous marquerons l'Histoire."
Interviewé sur les récentes démarches turco-libyennes, Erdogan a dit : "Nous accélérerons le processus turco-libyen. Nous leur avons dit que nous sommes prêts à apporter notre aide à tout moment."
En outre, le Président a affirmé que la Turquie pourra augmenter le nombre de drones qu'elle déploie à Chypre du Nord.
"Tout peut changer à tout moment en fonction des besoins", a-t-il conclu.
Barış Gündoğan, Selen Temizer, Sena Güler, Nur Asena Gülsoy, Ümit Dönmez