Fort de 12 députés provinciaux dans l'Assemblée provinciale de Kinshasa, le parti de Tshisekedi n'a obtenu aucun siège sur les 8 réservés à la capitale.
Le président congolais, Félix Tshisekedi a promis de prendre "d’importantes mesures" après la défaite de son parti aux élections sénatoriales qui se sont soldées, vendredi, par une victoire écrasante du Front commun pour le Congo (FCC) la coalition de son prédécesseur, Joseph Kabila.
Dans un communiqué publié samedi dans la soirée, Vital Kamerhe, directeur du cabinet présidentiel a annoncé que le président de la République, tiendra "une importante" réunion interinstitutionnelle, lundi, après les réactions enregistrées dans plusieurs villes, suite aux résultats des élections sénatoriales.
A l’issue de cette réunion "d’importantes mesures seront annoncées, dans le strict respect de la Constitution et de la loi électorale" pour "préserver la crédibilité du processus électoral et la paix sur l’ensemble du territoire national", souligne le communiqué.
Plusieurs manifestations des militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ont été enregistrées samedi dans plusieurs villes congolaises, notamment dans la capitale Kinshasa et dans la ville de MbujiMayi (centre), où un policier a été tué par lynchage.
Ces derniers dénonçaient la corruption des députés provinciaux de leurs partis qui, malgré leur nombre dans les assemblées provinciales, n'ont fait élire qu'un seul sénateur.
Fort de 12 députés provinciaux dans l'assemblée provinciale de Kinshasa, le parti de Tshisekedi n'a obtenu aucun siège sur les 8 réservés à la capitale.
Les militants exigent, en outre, l'annulation de ces scrutins. Dans la journée de samedi, le président Tshisekedi a, par ailleurs, échangé avec les responsables de sa coalition électorale (Cap pour le changement) sur "le comportement" des députés provinciaux pendant ces élections, rapporte le communiqué présidentiel.
Il s’est également entretenu avec le président de la Cour constitutionnelle et le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sur cette question.
Proclamé vainqueur de la controversée présidentielle du 30 décembre 2018 avec environ 38%, Tshisekedi n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale et aux Assemblées provinciales.
Le contrôle du Sénat est une victoire importante du camp de Joseph Kabila qui contrôle également l'Assemblée nationale.
Il aura également le contrôle de la primature, de nombreux portefeuilles ministériels et la gouvernance de la majorité de 26 provinces du pays.
"Tshisekedi a les pieds et mains liés devant notre autorité morale (...) il ne fera rien, nous gardons le contrôle de tout ", s'est moqué samedi au micro d'Anadolu, un ministre issu de la coalition de Kabila.
Près de deux mois après son intronisation, Tshisekedi n'a pas encore nommé un nouveau Premier ministre.
Ancienne colonie belge affranchie le 30 juin 1960, le Congo-Kinshasa est gouvernée sous un régime semi-présidentiel, mais le Sénat et l'Assemblée peuvent décider de mettre en accusation le président de la République ou encore le Premier ministre.
En cas de condamnation, le Président de la République et le Premier ministre sont déchus, selon l'article 167 de la Constitution.
Pascal Mulegwa, Lassaad Ben Ahmed
Photographie : Archive, Agence Anadolu