« Si les ressources pérennes nécessaires à l’engagement des troupes sont mobilisées, nos pays peuvent bien se passer de toute forme de parrainage ou des directives », Idriss Déby.
Le président tchadien Idriss Déby Into a plaidé pour la mobilisation de ressources pérennes pour la lutte contre le terrorisme au Sahel, mettant l’accent sur la nécessité de résoudre la crise libyenne, aux conséquences « inacceptables » sur l’ensemble de la région.
Idriss Déby Into s’exprimait samedi depuis l’Italie, à l’occasion de la cinquième édition du forum « Dialogue méditerranéen » les 6 et 7 décembre à Rome.
« La bataille contre le terrorisme au Sahel passe forcément par le règlement de la crise libyenne », a affirmé le président tchadien.
Idriss Déby a souligné que "la tragédie que vit le peuple frère libyen est inadmissible, et les contrecoups de cette crise que nous subissons en tant que pays voisins, ne sont non plus supportables".
Il a précisé dans cet ordre d’idées que « plus de 32% du budget de l'Etat tchadien sont consacrés à l’effort sécuritaire ».
A propos de la force G5 Sahel, Déby a affirmé que « si les ressources pérennes nécessaires à l’engagement des troupes sont mobilisées, nos pays peuvent bien se passer de toute forme de parrainage ou de directives », a-t-il souligné, en allusion à la présence de la force française Barkhane.
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Ces parrainages conduisent « souvent à des complications qu’à des solutions », a-t-il expliqué, appelant à "revoir l’ensemble de la stratégie de lutte déployée à ce jour contre ce fléau au Sahel, en reconnaissant le leadership des pays concernés à travers un appui conséquent de leurs efforts multiformes".
Déby a regretté le fait que les appels à doter la force du G5 Sahel des ressources nécessaires soient restés sans suite et que les promesses n’avaient jamais été tenues.
"Nos appels à l’endroit de la communauté internationale relatifs à l’obtention d’un financement pérenne à la force du G-5 Sahel sont demeurés sans suite, et les multiples promesses faites ici et là dans le cadre des conférences internationales de mobilisation des fonds, n’ont jamais été tenues", a-t-il martelé.
Pour rappel, la force G5 Sahel est une organisation créée en 2014 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, couvrant une superficie de 5 millions de kilomètres carrés où vivent près de 80 millions d’habitants. Son mandat porte sur les domaines de la sécurité et du développement.
Lors d’un sommet tenu le 23 février 2018 à Bruxelles en présence de 20 pays, des engagements à hauteur de 414 millions d’euros ont été exprimés en faveur de cette force, mais elles n’ont pas été totalement tenues jusqu’à ce jour.
Selon les autorités françaises, la force Barkhane (4500 hommes) devrait rester dans le sahel africain, jusqu’à ce que ces pays puissent se prendre en charge en matière de sécurité.
Toutefois, après la mort de 13 soldats français le 25 novembre au Mali, le président Emmanuel Macron a convoqué un sommet, le 16 décembre 2019 à Pau, pour « des clarifications » de la part des dirigeants africains.
Lassaad Ben Ahmed
Photographie : Archive, Agence Anadolu