"Nous allons intensifier les opérations militaires et, s'ils ne déposent pas leurs armes, nous allons les frapper et les écraser", a averti le général de brigade Valère Nka, le commandant des forces militaires camerounaises qui luttent contre les séparatistes dans le Nord-Ouest.
La tension a monté d’un cran au Cameroun, à l’approche des élections législatives et municipales le 9 février, à la faveur d’une série de communiqués, émis aussi bien par les forces loyales que par les séparatistes anglophones.
« Je veux lancer un avertissement fort aux soi-disant généraux, aux faux généraux, Chacha, Tiger, Field Marshal et à tous les autres. Nous connaissons déjà leurs cachettes, leurs allées et venues. Nous allons intensifier les opérations militaires et, s'ils ne déposent pas leurs armes, nous allons les frapper et les écraser », a averti devant les journalistes, mercredi, le général de brigade Valère Nka, le commandant des forces militaires camerounaises qui luttent contre les séparatistes dans le Nord-Ouest.
Nommé commandant de l’armée dans le Nord-Ouest en décembre dernier, le Général Nka Valere effectue depuis lundi une tournée dans la région pour rassurer les populations quant à leur sécurité pendant les élections, et « galvaniser les troupes au front ».
Pour leur part, les séparatistes anglophones maintiennent leur mot d’ordre de « ville morte » du 7 au 11 février. Dans leurs communiqués, ces derniers indiquent qu’aucune élection ne de tiendra dans les régions anglophones.
Mercredi, le gouvernement virtuel du mouvement séparatiste anglophone s’en est pris aux humanitaires, leur demandant de suspendre leurs actions dans les deux régions en crise pendant les élections.
« Nous apprécions le travail que les humanitaires effectuent dans notre zone. Mais nous les informons qu’ils doivent interrompre leurs actions dans la zone anglophone du 6 au 11 février. Seuls les humanitaires sanitaires seront autorisés à travailler pendant cette période », souligne le communiqué des sécessionnistes.
Le gouvernement camerounais et les humanitaires n’ont pas encore réagi à cette menace.
Toutefois, l’église a exprimé ses inquiétudes par rapport à la tension qui monte et au regain de violence dans les deux régions anglophones.
« Depuis deux semaines, nous recevons des rapports et des images graphiques qui relatent des actes inhumains et barbaries tels que des meurtres, des enlèvements, des incendies de villages dans plusieurs localités du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », a annoncé dans un communiqué, mercredi, l’Eglise presbytérienne du Cameroun (EPC).
« Dimanche dernier, un pasteur de notre congrégation a été arrêté après son culte à l’église. L’homme d’église a été molesté, brutalisé, gardé en cellule et plus tard relâché. Le pasteur est aujourd’hui hospitalisé suite au traumatisme », souligne l’EPC.
« Si les populations sont en train d’être terrorisées sous prétexte des élections annoncées, vont telles sortir le jour de vote ?», s’interroge l’EPC.
Dans un rapport paru en décembre dernier et intitulé « Cameroun : il faut rendre la réponse humanitaire plus inclusive », Human Rights Watch (HRW) s’inquiète aussi de la recrudescence des combats en zone anglophone.
Depuis juillet 2019, au moins 130 civils ont été tués au cours de plus de 100 incidents, d’après l’ONG.
Pour trouver une solution à cette crise qui a déjà fait plus de 1 800 morts et plus de 650 000 déplacés internes, un « grand dialogue national » a été organisé du 30 septembre au 4 octobre, mais il a été marqué par l’absence des leaders séparatistes et par le boycott de certains partis politiques.
Malgré ces signes d’apaisement, HRW assure que « les violences se sont poursuivies à un rythme soutenu » et que la situation humanitaire s’est dégradée.
En octobre 2019, dix humanitaires ont été enlevés par les séparatistes avant d’être relâchés. En novembre, un autre a été tué.
Peter Kum, Lassaad Ben Ahmed