Selon les conclusions d’une commission d’enquête indépendante mise sur pied par le gouvernement
Une commission d’enquête indépendante, mise sur pied par le gouvernement du Myanmar, a estimé probable que les forces de sécurité du pays soient impliquées dans des « crimes de guerre » contre les Musulmans Rohingyas.
C’est ce qui ressort des conclusions auxquelles est parvenue ladite commission et qui ont été publiées dans un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook.
Présidée par la diplomate philippine, Rosario Manalo, la commission a considéré, dans un rapport, remis lundi, au président du Myanmar, Win Myint, qu’il n’existe pas de preuves appuyant les accusations sur la commission ou la planification d’un génocide à l’encontre des Rohingyas.
« Il n’y a pas de preuve attestant la commission d’un génocide », indique le rapport, qui nuance cependant son verdict en soulignant qu’il ressort de déclarations publiques du gouvernement du Myanmar que des forces gouvernementales sont « impliquées en perpétrant des exactions importantes ».
« Bien que ces graves crimes et exactions aient commis par des parties multiples, il n’en demeure pas qu’il existe des causes raisonnables qui incitent à croire que les membres des forces de sécurité du Mynamar sont impliqués dans des crimes de guerre et dans de graves violations des droits de l’Homme ainsi que dans la violation du droit interne en 2017 », ajoute le Rapport.
« Des villageois innocents ont été tués et leurs maisons détruites. Ce sont des exactions commises par des individus des forces de sécurité au Myanmar, en recourant à un usage disproportionné de la force durant le conflit militarisé interne », détaille le rapport.
La commission a ajouté qu’elle publiera le rapport pour qu’il soit disponible aux fins des différentes enquêtes et procès éventuels de la part des autorités civiles et militaires du Myanmar.
Le rapport de la commission intervient, la veille d’une décision attendue, que devra rendre la Haute Cour des Nations Unies, sur une requête ordonnant au Myanmar de stopper le génocide commis à l’endroit des Rohingyas.
Le 11 novembre dernier, la Gambie a déposé une plainte auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) accusant le Myanmar d’avoir transgressé les engagements à sa charge en vertu des dispositions de la Convention pour prévention et la répression du crime du génocide de 1948.
La Gambie a bénéficié du soutien de 57 Etats de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Cependant, cet appui n’aura probablement pas d’effet matériel en termes de procédures juridiques.
La leader birmane, Aung San Suu Kyi, avait reconnu face à la Cour internationale de justice, en décembre dernier, l’usage par son pays d’une « force disproportionnée » dans le traitement des Musulmans de l’Etat de l’Arakan.
Suu Kyi a lancé : « Je n’exclut pas l’usage disproportionné de la force (dans l’Arakan) mais cet usage n’est pas assimilable à un génocide ».
Depuis le 25 août 2017, les forces armées du Myanmar et des milices bouddhistes mènent une campagne militaire en perpétrant des massacres brutaux à l’encontre des Rohingya dans l’Arakan.
Ces crimes ont généré la mort de milliers de Rohingya, selon des sources locales et internationales convergentes, parallèlement à l’exil de près d’un million de personnes vers le Bangladesh, sur la base de statistiques onusiennes.
Le gouvernement du Myanmar considère les Rohingya comme des « immigrants irréguliers » en provenance du Bangladesh, tandis que les Nations Unies les classifient comme étant la "minorité la plus oppressée dans le monde".
Mona Saanouni