La concession apportée par le gouvernement pourrait apporter la fin de la plus longue grève des transports de l'histoire du pays.
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a proposé d'abandonner le volet de la réforme des retraites, visant à augmenter l'âge de la pleine retraite, dans une éventuelle concession aux syndicatsqui immobilisent le système de transport du pays depuis près d'un mois et demi.
"Je suis prêt à retirer du projet de loi la mesure à court terme que j'avais proposée", a déclaré Philippe samedi, proposant de supprimer l'initiative la plus contestée qui aurait en fait relevé l'âge de la retraite de deux ans à 64 ans.
Le président Emmanuel Macron a convenu que le retrait serait "un compromis constructif et responsable".
L'offre survient après que Philippe et ses collègues du gouvernement ont rencontré les dirigeants syndicaux vendredi.
Malgré ces discussions, environ 149 000 personnes ont manifesté samedi dans tout le pays, dont 21 000 à Paris seulement, selon le ministère de l'Intérieur.
Les grévistes et manifestants français s'opposent à la refonte proposée par le gouvernement du système national de retraite, les questions centrales étant la rationalisation des 42 régimes distincts actuels en un seul système basé sur des points, ainsi que le relèvement de l'âge de la retraite.
La Confédération générale du travail, (CGT), syndicat exprimant la plus ferme opposition à la réforme, a qualifié le compromis d' "écran de fumée" pour persuader d'autres syndicats d'accepter la réforme globale, tandis que le syndicat Confédération française démocratique du travail (CFDT), plus modéré, et l'UNSA (Union des chemins de fer) a salué cette décision.
Indépendamment des progrès, des violences ont éclaté lors des manifestations de samedi, avec 27 personnes arrêtées et 16 officiers blessés. La police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui ont brisé des fenêtres, pénétré par effraction dans des magasins et incendié.
Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre la police en tenue anti-émeute qui bat les manifestants à coups de matraque, un officier s'approchant d'un groupe et ouvrant le feu avec une arme anti-émeute. Un manifestant tombe alors au sol.
La police a également utilisé des pistolets anti-émeute appelés LBD qui tirent des projectiles en caoutchouc non létaux de 40 millimètres. Une enquête a déjà été lancée pour évaluer les faits.
Une autre manifestation de masse est prévue mardi.
Cindi Cook, Ümit Dönmez
Photographie : Archive, Agence Anadolu