Le président turc a pris part dimanche à un entretien télévisé au cours duquel il a notamment évoqué la question libyenne.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a répondu aux questions de journalistes, dimanche, lors d'un entretien diffusé par des chaînes privées turques de télévision.
Erdogan a traité les questions d'ordre domestique et international, parmi lesquelles figurait la question de l'accord maritime signé récemment avec la Libye ainsi que l'accord bilatéral pour l'envoi de soldats turcs avec pour objectif de stabiliser la situation sécuritaire en Libye.
Légitimité des accord bilatéraux turco-libyens
Suite à une question d'un des journalistes sur la mise en doute de la légitimité de ces accords bilatéraux, le président turc a répondu : "Nous avons signé des accords avec la Libye, avec le gouvernement légitime de ce pays, reconnu par la communauté internationale et par l'Organisation des Nations Unies".
Et d'ajouter : "Ceux qui nous critiquent sont ceux qui ont fait des accords avec Haftar, un général rebelle et putschiste sans aucune légitimité ou reconnaissance internationale. Nous sommes ceux qui collaborent avec le gouvernement légitime".
Erdogan a par ailleurs précisé qu'un accord plus large avait été négocié avec l'État libyen du temps de Mouammar Khaddafi mais que le décès de ce dernier et le chaos qui y avait succédé avaient interrompu ce processus.
Objectifs de l'envoi de soldats turcs en Libye
Précisant que "les soldats turcs vont pas à pas en Libye", le président turc a tenu à signaler parmi les objectifs principaux de la présence militaire turque en Libye, la préservation et le renforcement du gouvernement d'accord national (GNA) libyen, qui est le gouvernement légitime du pays, ainsi que de l'aider à retrouver son emprise sur le territoire du pays, et de préciser :
« La tâche de nos troupes est de coordonner l'échange de connaissances techniques et d'expériences entre toutes nos institutions de sécurité sur l'organisation de programmes de formation et d'éducation. Ils coordonnent actuellement cela. Ils auront un centre d'opérations et un lieutenant général dans ce centre d'opérations. Ils y géreront ce processus. Pour le moment, nous aurons différentes équipes en tant que force de combat; et en plus de cela, nous aurons une équipe bien formée [...] entre les mains de notre lieutenant général.»
Le président turc a souligné que l'objectif final de l'envoi des soldats turcs en Libye est de parvenir à un cessez-le-feu et à un retour à la table des négociations des partie prenantes à ce conflit intra-libyen.
Erdogan a précisé : "La présence des éléments des Forces armées turques en Libye ne vise pas à combattre ou à faire combattre. [...] mais en apportant son soutien au gouvernement légitime, à empêcher les développements qui conduiraient à des tragédies humaines qui mèneraient la région à l'instabilité. En fait, dès que possible à préparer la [nouvelle] constitution [libyenne]. "
Les combattants étrangers en Libye
Rappelant que la Turquie est présente en Libye suite à l'appel en aide du gouvernement légitime, le président turc a vivement critiqué la présence de soldats étrangers en Libye, combattant l'autorité libyenne reconnue par l'ONU, pour profiter de la manne pétrolière. Erdogan a noté :
«Il y a [les mercenaires] de Wagner des Russes. Il y a 2 500 [combattants] de Wagner. De l'autre côté, il y a 6 000 soldats du Soudan. Ils les envoient là-bas [...] suite à l'invitation du gouvernement putschiste et non du gouvernement légitime [...] qui nous invite et nous fait des propositions [...] sur le pétrole (dont nous avons grand besoin) mais nous, nous refusons cela; et eux il acceptent la proposition [de soldats en échange de pétrole], du gouvernement putschiste".
En réponse à la question d'un journaliste, le président R.T. Erdogan a confirmé que le sujet des mercenaires russes en Libye, ainsi que la situation humanitaire à Idleb et le non-respect du "processus d'Astana" par les parties syrienne et russe, seraient discutés avec le président russe Vladimir Poutine lors de leur rencontre mercredi 8 janvier, en Turquie.
Le président de la république de Turquie a également traité d'autres questions régionales, dont les conséquences du meurtre de Qasem Soleimani sur la situation géopolitique au Proche et Moyen Orient.
Ümit Dönmez
Photographie : Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a répondu aux questions de journalistes, dimanche 5 janvier 2019, lors d'un entretien diffusé par les chaînes privées turques de télévision, Kanal D et CNN Türk, depuis Istanbul
Murat Kula / Agence Anadolu